Contre le PAOK, le Club Bruges compte sur son n°10 Hugo Vetlesen : “Cette photo avec le maillot d’Anderlecht ? C'est la faute de mon père”
Le milieu norvégien marche sur les traces de Sander Berge ou encore de Kristian Thorstvedt en Pro League.
- Publié le 11-04-2024 à 12h07
Pour la sixième fois de sa vie seulement, il a pu “véritablement” fêter son anniversaire. Né le 29 février lors d’une année bissextile, comme environ 0,06 % de la population mondiale, Hugo Vetlesen n’a rien fait de spécial non plus pour célébrer ses 24 ans. “Avec les Danois du groupe (Casper Nielsen, Philip Zinckernagel et Andreas Skov Olsen) et Antonio Nusa, nous avons fêté ça au restaurant. Nous n’avons pas fait grand-chose de plus puisque nous jouons tous les trois jours”, a souri le milieu des Blauw en Zwart.
L’air de rien, alors qu’il n’a vu qu’une double douzaine de printemps, le Norvégien est le troisième Brugeois à avoir disputé le plus de rencontres européennes – qualifications comprises. Seuls Hans Vanaken et Simon Mignolet font mieux. Face au PAOK, le médian jouera pour la 47e fois sur la scène continentale. Rencontre.
Sa naissance à Braine-l’Alleud
”Nous y sommes retournés quand j’avais 15 ans”
Ce qui a étonné quand Vetlesen a signé au Club Bruges l’été dernier pour plus de 7 millions € ? Son lieu de naissance. Parce que l’ancien de Bodo/Glimt a curieusement vu le jour à Braine-l’Alleud, dans le Brabant wallon. “Mon père travaillait en Belgique, explique le Scandinave. Nous avons déménagé en Norvège quand j’avais quatre ans. Si je me souviens de quelque chose ? Pas vraiment, je n’étais qu’en maternelle. Nous sommes revenus dans la région quand j’avais environ 15 ans pour revoir la maison, etc. Ça a rappelé quelques vagues souvenirs.”
Son bref passage en Belgique, Vetlesen nous le raconte dans un français parfait. Sa connaissance de la langue de Molière lui vient de sa mère, née à La Rochelle. “Je ne connais pas encore le flamand (rires). J’ai appris le français grâce à ma mère qui est née dans l’Hexagone. J’essaye toujours de m’appliquer quand je parle français avec elle ou avec les francophones du vestiaire. Après, quand tu vis en Norvège pendant 20 ans, tu oublies un peu…”
Le début de sa carrière en Norvège
”Affronter Odegaard, c’est cool, mais une fois sur le terrain, c’est comme si tu jouais Charleroi”
Le prénom de son père a une sonorité belge aussi : Johan. Mais le paternel n’a rien de noir-jaune-rouge. Il a même été sélectionné en équipe nationale de jeune de Norvège et évolué en D2. “Il a été un grand soutien pour moi, explique Vetlesen. J’ai fait beaucoup d’exercices techniques avec lui. Il me disait que jouer avec les deux pieds m’apporterait beaucoup plus tard. C’est grâce à lui que je suis ici d’ailleurs. Si je ne jouais pas au foot, il le regarderait quand même. Il s’y connaît énormément. Mon père travaille encore à Bruxelles parfois. Donc il débarque pour une réunion le mercredi et puis vient voir un match européen ici à Bruges le lendemain (sourire).”
Son père est aussi à l’origine de cette fameuse photo de lui, gamin, avec un maillot d’Anderlecht. Elle avait fait jaser lors de son arrivée en Venise du Nord, avant d’être effacée des réseaux sociaux. “Il a acheté le mauvais maillot, rigole Vetlesen. Quand tu es jeune, tu fais des bêtises. C’est la faute de mon père. J’étais trop jeune pour me souvenir de ce maillot ou pour comprendre. Mon enfant aura un maillot de Bruges, c’est sûr.”
Durant les prémices de sa carrière, Vetlesen est passé par le petit club d’Haslum puis par Stabaek où il a effectué ses débuts professionnels à 17 ans. Il est devenu le plus jeune joueur de l’histoire du club à disputer 100 matchs en équipe première. En 2017, il est même élu deuxième meilleur espoir norvégien, derrière un certain Martin Odegaard, aujourd’hui capitaine d’Arsenal… qu’il a d’ailleurs affronté en Europa League lors de la célèbre épopée de Bodo/Glimt en Europa League. “C’était un rêve. Quand j’étais gosse, je regardais Arsenal depuis les tribunes. C’est ce genre de match où tu peux te tester. Un peu comme les Champions Playoffs maintenant. Tu peux te montrer. Le tempo est bien plus élevé. Jouer contre Odegaard, c’est cool. Mais une fois sur le terrain, c’est comme si tu jouais Charleroi.”
Sa première année au Club Bruges
”Si tu veux voir le meilleur Hugo Vetlesen, il faut que je joue en 8 ou en 10”
À Bodo/Glimt, Vetlesen a partagé les terrains avec Victor Boniface ou encore Philip Zinckernagel. “Victor ne commençait pas trop de matchs à l’époque, se souvient le milieu. Tout le monde remarquait son talent au ballon, mais il avait encore des lacunes avec le pressing. Il a fait d’énormes progrès à l’Union SG. Je ne suis pas étonné de ce qu’il fait aujourd’hui à Leverkusen.”
Comme l’ancien chouchou du Parc Duden, Vetlesen a choisi la Pro League comme rampe de lancement. Avant d’arriver au Jan Breydel, pour sa dernière saison complète en D1 norvégienne, Vetlesen avait carrément terminé deuxième meilleur buteur du championnat avec 16 réalisations. Plutôt étonnant en jetant un œil à son compteur buts avec le Club Bruges cette saison : son compteur, en Pro League, n’est fixé qu’à une réalisation. La probable raison principale ? Durant son règne, Ronny Deila plaçait souvent son compatriote en numéro 6. “Je joue où le coach veut que je joue et dans l’intérêt de l’équipe. Mais si tu veux voir le meilleur Hugo Vetlesen, il faut que je joue en 8 ou en 10. J’ai fait de bons matchs en 6 aussi. À Genk, j’ai joué en 8 et j’ai marqué. Pour l’instant, je n’ai montré qu’une seule facette de mon jeu : le côté défensif.”
La sélection nationale
”C’est chouette d’avoir un gars comme Haaland dans le vestiaire”
Avant de signer en Belgique, comme l’ont fait des milieux norvégiens comme Sander Berge ou Kristian Thorstvedt avant lui, Vetlesen a demandé conseil. “J’ai croisé Hanche-Olsen. Tu leur demandes évidemment comment est le niveau du championnat, ce genre de choses… Ils ne m’ont dit que du bien. Puis quand tu vois le parcours qu’ils ont eu après. Ils sont tous les trois partis en Bundesliga (Hanche-Olsen à Mayence), en Serie A (Thorstvedt à Sassuolo) ou en Premier League (Berge à Sheffield United). La Pro League est une bonne étape. Si tu performes, que tu saisis tes chances, tu peux aller plus haut.”
En sélection, il croise aussi Nusa, son partenaire au Club Bruges, et évidemment la star Erling Haaland. “Antonio est exceptionnel oui, tout le monde le voit. Il a connu des problèmes physiques malheureusement durant cette campagne. Il faut que son corps guérisse et ensuite il fera les bons pas. Et Haaland ? Je jouais déjà avec lui en équipe nationale de jeunes. C’est un gars au top. C’est chouette d’avoir quelqu’un comme lui dans le vestiaire. Un blagueur…”
Malgré l’énorme vivier de talents, la Norvège ne s’est pas qualifiée pour l’Euro. Pas de chance pour Vetlesen : le milieu du terrain semble être le secteur le plus compétitif. “L’ambiance est exceptionnelle dans le groupe. Nous sommes 23 bons amis, mais seulement 11 joueurs peuvent être alignés. Mon temps viendra si je performe. Je veux pousser les autres et prendre leur place. Odegaard fait partie des 10 meilleurs au monde, le sortir de l’équipe va être difficile. Mais on ne sait jamais. Il pourrait se blesser ou je ne sais pas… Berge a été fantastique en Premier League aussi. Il faut les aider pour se qualifier pour un grand tournoi (le dernier de la Norvège reste l’Euro 2000).”
Parfois nous n’avons pas défendu comme si nos vies en dépendaient.
La fin de saison, Deila et Hayen
”Je connais la mentalité qu’il faut avoir pour gagner des titres”
Alors que Feyenoord s’intéressait à lui, Vetlesen a opté pour le Club Bruges l’été dernier. Avant même que son compatriote Ronny Deila ne soit nommé coach. “Il a fait beaucoup de bonnes choses, mais au final, seuls les résultats comptent. Nous avons perdu trop de points et alors il faut réfléchir à comment nous pouvons être champions, devenir les meilleurs possible. Mais le travail de Ronny a été fantastique. Des détails peuvent décider d’une victoire ou d’une défaite… Nous n’avons pas été assez bons dans les deux grands rectangles, parfois nous n’avons pas défendu comme si nos vies en dépendaient.”
Nicky Hayen a repris avec un impact plutôt positif en ces débuts de playoffs puisque les Blauw en Zwart ne sont qu’à cinq points de la première place. “Les entraînements sont un peu différents, mais je pense que ça va nous convenir. Si la Conference League peut sauver notre saison ? Tout le monde parle du fait que nous pouvons atteindre une demi-finale européenne… Avant ça, il faut battre le PAOK. Et encore avant ça, il faut gagner contre Anderlecht (NdlR : l’interview a été réalisée avant la victoire du Club face aux Mauves de ce dimanche). Ensuite, tout sera possible. Dans le vestiaire, personne n’a baissé les bras.”
En ce qui concerne son avenir personnel, Vetlesen n’y pense pas encore. “Comme tout le monde dans le vestiaire, je veux jouer le plus haut possible. Mais je veux aussi gagner des trophées et je peux faire ça ici. J’en ai déjà remporté en Norvège. Je sais quelle mentalité il faut avoir pour être champion. Je l’ai fait et je sais comment créer cette culture.”